Publié le 18 juillet 2024
Dimanche 14 juillet 2024
15ème dimanche Pendant l’Année – Année B
1ère lecture : Amos 7,12-15
Psaume : 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14
2ème lecture : Éphésiens 1,3-14
Évangile : Marc 6,7-13
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« Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau ». Ainsi parle le prophète Amos qui n’était en rien disposé à devenir prophète. C’est par le choix de Dieu, qui est souverain, qu’Amos devient prophète… par appel de Dieu.
Quelles qualités avait Abraham pour jouer le rôle qu’il a joué ? Quelles qualités savait Moïse qui était bègue, quelles qualités avait David ? Quelles qualités avait Pierre pour être le chef des apôtres, lui qui a renié ? Quelles qualités avait Juda pour faire partie des apôtres, lui qui a trahi ? Quelles sont mes qualités pour être là où je suis à vous parler ?
Ce n’est pas cela que le Seigneur regarde : la vocation, l’appel de Dieu repose sur le choix de Dieu. Et chacun de nous, si nous sommes là, c’est que nous avons été personnellement appelés par Dieu, choisis dans le Christ en vue de quelque chose ; et de quelque chose qui ne repose pas d’abord sur nos qualités, sur nos talents mais qui repose d’abord sur le dessein bienveillant de Dieu.
Et c’est en répondant à cet appel que nous pourrons, comme les apôtres, annoncer le Royaume, que nous pourrons, comme les apôtres, assumer la mission de l’Église.
Entre Amos et les apôtres, il y a ce que Paul nous fait entendre : « Dieu le Père nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour ».
Qui que nous soyons, quelle que soit notre histoire, quels que soient nos talents, nos compétences, nos dons naturels, nos charismes, d’abord et avant tout, nous avons été appelés pour partager la vie de Dieu et donc, pour être saints et immaculés ; c’est notre vocation première, c’est la vocation de tout homme. Désirer la sainteté, ce n’est pas de l’immodestie, ce n’est pas de l’orgueil, ce n’est pas de la vanité : c’est, au contraire, de l’humilité, car c’est accepter ce que Dieu veut pour nous, pour moi. Il nous a choisis pour que nous soyons saints.
Je ne sais comment cette page de l’Écriture a résonné dans la vie de Thérèse, mais c’est très tôt que la sainteté est pour elle une évidence. C’est très tôt que Thérèse veut être sainte en réponse à l’amour de Dieu qu’elle a découvert.
Elle le dit explicitement, c’est au début du manuscrit C :
Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé aux pieds des passants ; au lieu de me décourager — caractéristique de la vie de Thérèse : “Je ne me découragerai pas” est une des résolutions de sa retraite de première communion — je me suis dit : Le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté. Ms C 02
« Je puis donc, malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ». Si j’étais avec des enfants du catéchisme, je leur ferais répéter à haute voix cette phrase… Mais comme Dieu nous appelle à devenir des petits enfants, nous allons le faire. Je vais redire cette phrase et je vous invite ensuite à la dire avec moi :
Je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté.
Les fidèles : « Je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté ».
C’est cela, finalement, le trésor que Thérèse veut nous faire entendre : Je puis malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté… Ne regarde pas tes défauts, ne regarde pas tes qualités. Regarde le don de Dieu !
Thérèse continue :
Me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections ; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir […] l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus.
L’ascenseur pour le Ciel, ce sont vos bras, Ô Jésus…Mais regardez comment cette image de l’ascenseur, Thérèse la “pervertit” aussitôt, si je peux me permettre. Comment fonctionne un ascenseur ? J’appuie sur le bouton pour appeler la cabine, je rentre dans la cabine quand elle est là et j’appuie sur le bouton pour aller à l’étage désiré. C’est moi qui commande l’ascenseur. Les bras de Jésus, ce n’est pas en appuyant sur le bouton qu’ils descendent, ce n’est pas en appuyant sur le bouton qu’ils m’élèvent : les bras de Jésus sont à la disposition de Jésus. C’est lui qui les commande, et il s’agit pour moi d’apprendre à être avec Jésus, à demeurer dans son amour. Souvenez-vous de ce que Jésus dit à ses apôtres dans le discours après la Cène, au chapitre 15 de Saint-Jean : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez en mon amour » (Jn 15,9). Il ne s’agit pas de faire quelque chose pour que Jésus m’aime ; cela, c’est réalisé, de manière incompréhensible, étonnante, déroutante.
Je suis aimé de Jésus au point qu’il a donné sa vie pour moi ! Il s’agit pour moi de demeurer dans cet amour, c’est-à-dire de n’en point sortir, c’est-à-dire de chercher à me laisser faire par le Seigneur Jésus, pour qu’il puisse, Lui, m’élever vers le Ciel, pour qu’il puisse, Lui, me conduire à son Père, pour qu’il puisse, Lui, me revêtir de sa sainteté. Et donc le premier effort de la vie chrétienne n’est pas un effort moral, c’est un effort spirituel de communion à Jésus. Nous devons apporter beaucoup de soin à notre relation à Jésus à travers la prière, la méditation des Écritures, la fidélité aux sacrements et à travers la charité fraternelle. C’est comme cela que nous construisons notre fidélité au Seigneur en réponse à sa fidélité.
Je me permets alors à nouveau de soulever un point mal traduit dans l’Évangile. Nous avons entendu que les apôtres partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ce n’est pas ce que dit le texte grec… Le texte dit : ils proclamèrent afin que l’on se convertît(ἐκήρυσσον ἵνα μετανοήσωσιν). C’est-à-dire qu’ils proclament le Royaume dans l’espérance que ceux qui l’entendent vont être touchés et vont se tourner vers Jésus. Mais ils ne viennent pas annoncer une obligation ; ils viennent annoncer la bonne nouvelle du Salut. Celui qui reçoit cette bonne nouvelle se convertit, c’est-à-dire commence à voir le monde autrement à partir de Jésus, à partir de ce que Dieu fait, et commence à s’attacher à Jésus pour se laisser conduire par Lui.
Ils proclamèrent afin que l’on se convertît.
Pour terminer, je voudrais juste relire ces quelques mots qui sont au début de l’Offrande de Thérèse à l’amour miséricordieux, cette offrande qu’elle fait le 9 juin 1895, au cours de la fête de la Sainte Trinité, dans une intuition intérieure qui l’a saisie pendant la célébration de l’Eucharistie :O mon Dieu ! Trinité Bienheureuse, je désire vous Aimer et vous faire Aimer, travailler à la glorification de la Sainte Église en sauvant les âmes qui sont sur la terre et [en] délivrant celles qui souffrent dans le purgatoire — C’est toute sa vocation de carmélite qui est dite ici. Mais c’est toute la vocation des apôtres qui est de vouloir que chacun puisse se laisser sauver — Je désire accomplir parfaitement votre volonté et arriver au degré de gloire que vous m’avez préparé dans votre royaume, en un mot, je désire être Sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande, ô mon Dieu, d’être vous-même ma Sainteté. Prière 06
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ !
Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour.
Amen