Article extrait de notre revue Thérèse de Lisieux

Bien souvent la vie missionnaire se présente à nous avec des images d’horizons lointains, de voyages. Mais Thérèse l’a bien compris au Carmel, cet appel à annoncer Dieu est proposé à chaque baptisé, chacun est appelé à illustrer cette audace là où Dieu l’a placé.

Nous avons demandé au Fr. François-Marie Lethel, carme à Lisieux, de nous en parler : la mission est-elle bien pour tous ?

Fr Didier-Joseph, ocd
La mission de Thérèse sur la Terre comme au Ciel : « Aimer Jésus et le faire aimer »

Une âme missionnaire

Dans C’est la confiance, notre Pape François nous présente Thérèse comme une âme missionnaire:

« Comme il arrive dans toute rencontre authentique avec le Christ, son expérience de foi l’appelait à la mission. Thérèse a pu définir sa mission en ces termes : “Je désirerai au Ciel la même chose que sur la terre : Aimer Jésus et le faire aimer”[1]. Elle a écrit qu’elle était entrée au Carmel “pour sauver les âmes”[2]. En d’autres termes, elle ne concevait pas sa consécration à Dieu en dehors de la recherche du bien de ses frères. Elle partageait l’amour miséricordieux du Père pour l’enfant pécheur, et celui du Bon Pasteur pour les brebis perdues, éloignées, blessées. C’est pourquoi elle est la Patronne des missions, maîtresse en évangélisation »[3].

En effet, toute la vie de Thérèse est animée par l’Amour de Jésus et l’espérance du salut éternel de toutes les âmes, sans exception.

L’espérance du salut de toutes les âmes

Dans la nuit de Noël 1886, avant son entrée au Carmel, Thérèse a reçu la grâce de « sortir de l’enfance » et de commencer « une course de géant »[4]. Jésus fait d’elle « un pêcheur d’âmes »[5]. A l’âge de 14 ans, elle vit déjà sa vocation de femme comme « épouse de Jésus et mère des âmes »[6]. Jésus lui donne comme « premier enfant » le criminel Henri Pranzini, condamné à mort et impénitent[7].

Pour lui, elle espère contre toute espérance, consciente de l’extrême péril où il se trouve : « Je voulus à tout prix l’empêcher de tomber en enfer ». Elle est sûre qu’il sera sauvé « même s’il ne se confessait pas et ne donnait aucune marque de repentir, tant j’avais de confiance en la miséricorde infinie de Jésus ».

Cette confiance s’étendra ensuite à toutes les âmes: « Ah ! depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour, il me semblait entendre Jésus me dire comme à la samaritaine : “Donne-moi à boire !” C’était un véritable échange d’amour ; aux âmes je donnais le sang de Jésus, à Jésus j’offrais ces mêmes âmes rafraîchies par sa rosée Divine »[8].

Au jour de sa Profession religieuse, Thérèse osera demander à Jésus « que pas une seule âme ne soit damnée aujourd’hui »[9], prière qu’elle renouvellera chaque jour. Ainsi, son espérance du salut éternel va jusqu’à espérer pour tous: Que parmi tous ceux qui meurent chaque jour, aucun ne soit perdu pour toujours !

Un testament missionnaire

Enfin, selon le Pape François, « Les dernières pages de l’Histoire d’une âme [10]sont un testament missionnaire. Elles expriment sa manière de concevoir l’évangélisation par attraction »[11]. Thérèse commente alors les paroles que l’épouse adresse à son Époux dans le Cantique des Cantiques : « Attirez-moi, nous courrons à l’odeur de vos parfums »[12].  Ainsi, « dans le cœur de Thérèse, la grâce du baptême devient ce torrent impétueux qui se jette dans l’océan de l’amour du Christ, emportant avec lui une multitude de sœurs et de frères. C’est ce qui arriva en particulier après sa mort : sa promesse d’une “pluie de roses” »[13].

Frère François-Marie Léthel, OCD


[1] LT 220

[2] Ms A, 69v

[3] Exhortation Apostolique C’est la Confiance n° 9

[4] Ms A, 44v-45r

[5]Ms A,  45v

[6] Ms B, 2v

[7] Ms A, 45v-46v

[8] Ms A, 46v

[9] Pri 2

[10] Ms C, 33v-37r

[11] C’est la confiance, n° 10

[12] Ct 1, 3-4

[13]C’est la confiance, n° 13