Dimanche 11 août 2024
19ème dimanche Pendant l’Année – Année B

1ère lecture : 1 Rois 19,4-8
Psaume : 33 (34),2-3, 4-5, 6-7, 8-9
2ème lecture : Éphésiens 4,30 – 5, 2
Évangile : Jean 6,41-51

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« L’œuvre de Dieu, entendions-nous dimanche dernier, c’est que vous croyiez en celui qui m’a envoyé. »

Aujourd’hui, nous entendons Jésus nous dire : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Si vous êtes là, chacun de vous, c’est parce que le Père vous attire à Jésus. Et si vous voulez savoir comment le Père vous attire à Jésus, il vous faut regarder votre propre vie et voir comment, dans votre histoire, le Père vous a attiré à Jésus et comment ce matin, le Père vous attire à Jésus. Cela passe par de nombreuses médiations : des médiations humaines, la médiation des Saintes Écritures, la médiation de l’Esprit-Saint qui peut parler directement au cœur et ainsi de suite… 

Nous sommes là parce que le Père nous a attirés à Jésus, mais nous ne sommes pas là simplement pour nous-mêmes. Si le Seigneur, dans toute l’Histoire Sainte, choisit des hommes et des femmes pour leur confier quelque chose, c’est toujours en vue des autres, en vue du peuple, en vue de toutes les nations. Si nous avons été attirés vers le Fils par le Père, c’est pour en faire quelque chose pour le monde. Le Pape François, dans son exhortation « C’est la confiance » sur sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, prend le temps de développer cette question de l’attirance qui revient à plusieurs reprises chez Thérèse. 

Je cite le Saint-Père (n°10) : Les dernières pages de l’Histoire d’une âme (Ms C, 33v-37r) sont un testament missionnaire. Elles expriment sa manière de concevoir l’évangélisation par attraction (Evangelii gaudium, n. 14), et non par pression ou prosélytisme. Il est intéressant de lire comment elle le résume : « “Attirez- moi, nous courrons à l’odeur de vos parfums”. Ô Jésus, il n’est donc même pas nécessaire de dire : En m’attirant, attirez les âmes que j’aime. Cette simple parole : “Attirez-moi” suffit. Seigneur, je le comprends, lorsqu’une âme s’est laissée captiver par l’odeur enivrante de vos parfums, elle ne saurait courir seule, toutes les âmes qu’elle aime sont entraînées à sa suite ; cela se fait sans contrainte, sans effort, c’est une conséquence naturelle de son attraction vers vous. De même qu’un torrent, se jetant avec impétuosité dans l’océan, entraîne après lui tout ce qu’il a rencontré sur son passage, de même, ô mon Jésus, l’âme qui se plonge dans l’océan sans rivages de votre amour, attire avec elle tous les trésors qu’elle possède… Seigneur, vous le savez, je n’ai point d’autres trésors que les âmes qu’il vous a plu d’unir à la mienne » (Ms C, 34r).

Et le Pape commente :

11. […] Ce qui est frappant, c’est que Thérèse, consciente d’être proche de la mort, ne vit pas ce mystère refermée sur elle-même, dans un sentiment de seule consolation, mais avec un esprit apostolique fervent.

Oui, si le Père nous attire vers le Fils, si le Fils obéissant au Père nous attire à lui, ce n’est pas seulement pour nous-mêmes : c’est pour qu’avec Jésus, par Lui et en Lui, nous puissions œuvrer aux œuvres de Dieu en mettant toute notre foi en Jésus et permettre que nos vies, rendues disponibles au Seigneur, puissent être missionnaires, non pas par un travail particulier, mais par notre seule conversion à Jésus. 

Attire-moi, nous courrons. 

Ce que Thérèse comprend, c’est qu’en me laissant attirer vers Jésus, j’entraîne dans mon sillage tous ceux que j’aime, tous ceux qui m’aiment, tous ceux qui font partie de mon entourage quotidien. 

Le Pape poursuit :

12. Il en va de même lorsqu’elle parle de l’action de l’Esprit-Saint, qui acquiert immédiatement un sens missionnaire.

Il cite à nouveau Thérèse :

« Voici ma prière, je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à Lui, qu’Il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : Attirez-moi, plus aussi les âmes qui s’approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin), plus ces âmes courront avec vitesse à l’odeur des parfums de leur Bien-Aimé, car une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive » (Ms C, 36r).

Dans le cœur de Thérèse, poursuit le Pape, la grâce du baptême devient ce torrent impétueux qui se jette dans l’océan de l’amour du Christ, emportant avec lui une multitude de sœurs et de frères. C’est ce qui arriva en particulier après sa mort : sa promesse d’une « pluie de roses » (CJ, 9 juin 1897).Le Père nous attire donc à Jésus. Mais comment nous laisser davantage attirer ? Comment entrer nous-mêmes dans ce mouvement ? Eh bien saint Paul, dans ce passage de la Lettre aux Éphésiens, nous dit des choses très utiles. Il ose cette affirmation inouïe : « Imitez Dieu » ! « Imitez Dieu comme des enfants bien-aimés ». Comment imiter Dieu ? Eh bien la première chose à faire, c’est de contempler Dieu. On ne peut pas imiter ce qu’on ne connaît pas. Il nous faut donc toujours davantage mieux connaître Dieu et pour cela, il nous faut le contempler : le contempler dans le grand livre de la Création et le contempler dans le grand livre de la Révélation : les Saintes Écritures par lesquelles l’Esprit-Saint nous fait entendre la Parole de Dieu. Et comme cela ne suffisait pas, le Verbe de Dieu s’est fait chair. 

Comme le rappelle saint Paul : « Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés ». Vous vous souvenez de la fin du prologue de saint Jean : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui nous l’a fait connaître » (Jn 1,18). Pour que nous comprenions comment dans notre humanité nous pouvons imiter Dieu, Dieu s’est fait homme. 

Le Verbe s’est fait chair pour qu’en contemplant cette sainte humanité de Jésus, nous puissions comprendre comment imiter Dieu. Et le célèbre ouvrage l’Imitation de Jésus-Christ était pour sainte Thérèse dans son enfance un livre très précieux, et il le restera jusqu’à sa mort. 

Imitez Dieu…

Et Paul nous en donne quelques éléments : N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu qui vous a marqué de son sceau en vue du jour de votre délivrance

Cet Esprit Saint dont Paul, dans la Lettre aux Romains, nous dit qu’il déploie en nous la charité de Dieu (5,5). Alors « amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de notre vie ainsi que toute espèce de méchanceté ». Mais comment éliminer cela ? Et bien ma foi, on n’élimine les ténèbres qu’en mettant de la lumière, on ne fait reculer le mal qu’en mettant du bien. Et donc Paul continue : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » Nous ne pouvons pas aimer les pauvres pécheurs que nous sommes sans avoir de multiples occasions de nous pardonner, puisque nous sommes tous bien pauvres, bien faibles. Mais c’est cet amour miséricordieux qui peut nous faire grandir. C’est en nous aimant réellement les uns les autres que nous nous encourageons à progresser dans la charité concrète quotidienne. Et c’est ainsi que nous entrons dans cette attirance que le Père ne cesse de susciter en nous vers Jésus, c’est ainsi que nous apprenons à imiter Dieu. 

Enfin, sur ce chemin, nous avons besoin d’être nourris. « Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : “Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste” ».

Moi, dit Jésus, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.Jésus est le pain de la vie d’abord en tant que Parole de Dieu. Et il nous faut premièrement nous nourrir de Jésus comme parole de Dieu, pour qu’ensuite la nourriture eucharistique puisse vraiment porter en nous ses fruits. Car le Seigneur que nous “mangeons” par nos oreilles dans la proclamation des Saintes Écritures est bien celui que nous mangeons dans le mystère eucharistique pour que nous puissions vivre ce que nous avons entendu. Mais cela, il faudra le développer dimanche prochain dans la poursuite de la lecture de ce grand chapitre 6 de l’évangile de Jean.

Dimanche prochain nous sera donné à contempler précisément le mystère de Jésus, pain de vie.

Amen.