Venu incognito chez la Petite Thérèse pour me ressourcer, comme à chaque grande étape de ma vie, me voilà happé par cet appel que j’avais reçu à Lisieux et ce besoin d’y revenir à chaque fois. En 2004, je ne savais pas comment orienter ma vie. J’avais décidé de passer un mois à Lisieux en tant que bénévole au service des sanctuaires. Pendant ce mois près de Thérèse, j’avais confié au Seigneur mon avenir. Mon dernier jour à Lisieux, de façon anodine, je croise une amie. Nous parlons. Je lui dis de saluer une amie religieuse que nous connaissons bien. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel de sœur Laetitia qui me propose d’interpréter avec elle des chansons inspirées des poèmes de Thérèse. Le succès a été immédiat, et nous avons fait ensemble une soixantaine de concerts. Vingt ans après, je prends conscience que cet instant a été marquant pour ma vie et que j’ai reçu là un appel.
La première fois où j’ai été à la rencontre de Thérèse, j’avais 14 ans et je vivais en Ariège avec ma famille qui était peu pratiquante. C’était à l’occasion du premier pèlerinage de ses reliques pour préparer le Centenaire de sa mort. Les reliques ont voyagé à Paris, Lyon, Marseille… Mgr de Monléon avait demandé qu’elles s’arrêtent en Ariège. Dans l’église où elles étaient exposées, j’ai vécu la joie d’être au cœur d’une fête incroyable autour de la visite de Thérèse. J’ai découvert un message très simple qui parlait de la Confiance et de l’Abandon, au point que subitement je me suis passionné pour les saints du Carmel.
Depuis 1995, je chante l’œuvre de Thérèse. C’est important pour moi, car Thérèse me touche par sa simplicité et l’accès facile à ses textes. Elle parle aux petits. Pour moi, ce sont ses poèmes qui ont été la porte d’entrée vers une foi vivante. Ce cheminement avec Thérèse m’a conduit en 1998, à 18 ans, à faire un essai dans la vie carmélitaine. J’en garde un très bon souvenir et un enracinement dans ma spiritualité, ainsi que la découverte de l’oraison. Cette prière cœur à cœur est si bien expliquée par Thérèse. Elle est pour moi un véritable maître de vie spirituelle.
Ce qui me frappe, c’est que l’on connaît sa vie, ses intuitions spirituelles, mais c’est en faisant l’expérience de la vie carmélitaine que son enseignement prend sens. Que l’on découvre le canal de grâce par lequel elle a découvert le si grand de Dieu : l’oraison. Le pape François a choisi de publier son exhortation : C’est la confiance le jour de la fête de Sainte Thérèse d’Avila afin, dit-il, “de présenter Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face comme un fruit mûr de la réforme du Carmel et de la spiritualité, de la grande sainte espagnole. » Pour moi, comprendre le message de la petite Thérèse et le vivre au quotidien, c’est inscrire les écrits de Thérèse à travers la règle carmélitaine et la vie d’oraison. C’est l’un des grands enjeux pour ceux qui aiment à faire connaître Thérèse, de faire découvrir cette grâce de la prière de l’oraison du cœur à cœur avec Dieu et de la méditation dans un monde où il est si difficile de trouver une vie intérieure. J’ai envie de chanter ses textes qui me touchent profondément pour faire partager cette porte d’entrée vers la vie intérieure. Le Pape François rappelle que Thérèse est missionnaire parce qu’elle considère que son amour fort pour Dieu va attirer les âmes à Dieu. « Les dernières pages d’Histoire d’une âme sont un testament missionnaire. Elles expriment sa manière de concevoir l’évangélisation par attraction et non par pression ou prosélytisme. Il est intéressant de lire comment elle le résume : « attirez-moi » (…) Cette simple parole, « attirez-moi », suffit. Seigneur, je le comprends, lorsqu’une âme s’est laissée captiver par l’odeur enivrante de vos parfums, elle ne saurait courir seule, toutes les âmes qu’elle aime sont entraînées à sa suite ; cela se fait sans contrainte, sans effort, c’est une conséquence naturelle de son attraction vers vous.”
Grégory Turpin